Prématurité spontanée
Anglais : Spontaneous prematurity, spontaneous preterm birth
Description
La prématurité spontanée fait référence à l’accouchement non provoqué du nourrisson avant la 37e semaine de grossesse. Le nourrisson dit prématuré se caractérise par un corps de petite taille et recouvert de lanugo (fin duvet), une peau fine et rosée laissant transparaître les veines ainsi que des organes génitaux qui ne sont pas complètement développés.
On distingue quatre degrés de prématurité en fonction de la durée de gestation, soit :
- Prématurité tardive : 34 à 36 semaines
- Prématurité modérée : 32 à 33 semaines
- Grande prématurité : 28 à 31 semaines
- Prématurité extrême : moins de 28 semaines
(Baud, 2017; Blencowe et al., cités dans Torchin et Ancel, 2016; Mayo Clinic, 2017b; Organisation mondiale de la santé [OMS], 2018; Stavis, 2019)
Données populationnelles
Au Canada, le taux de naissance prématurée se situe à 7,8 % et est en augmentation depuis les 20 dernières années. Les garçons sont légèrement plus touchés que les filles, avec des taux respectifs de 8,3 % et 7,3 %. Il s’agit de la principale cause de mortalité infantile, les deux tiers des cas étant dus à la prématurité.
(Instituts de recherche en santé du Canada [IRSC], 2017, 2019; Statistique Canada, 2016)
Étiologie
L’accouchement prématuré spontané peut être causé par une infection (p. ex. infection amniotique), une maladie chronique (p. ex. diabète, hypertension) un décollement placentaire, une insuffisance du col de l’utérus, une pré-éclampsie ou par la présence de plusieurs des facteurs de risque décrits dans la section suivante.
En revanche, la cause exacte de la prématurité demeure inconnue dans 70 % des cas, car il est possible qu’aucun de ces facteurs de risque ne soit présent.
(IRSC, 2017, 2019; Murad et al., 2017; OMS, 2018; Stavis, 2019)
Facteurs de risque
De nombreux facteurs de risque peuvent mener à un accouchement prématuré spontané :
- Antécédents relatifs aux :
- naissances prématurées
- grossesses multiples
- avortements
- fausses couches
- naissances prématurées
- Procréation assistée
- Nouvelle grossesse dans un court délai après un accouchement (6 à 18 mois)
- Consommation de tabac, d’alcool et de drogues
- Grossesse multiple (jumeaux, triplés, etc.)
- Troubles de santé mentale (dépression, anxiété, stress, etc.)
- Origine afro-américaine
- Âge inférieur à 16 ans ou supérieur à 35 ans
Certains facteurs socioéconomiques peuvent aussi entrer en jeu. La sous-alimentation et le manque de soins prénataux associés à la pauvreté peuvent nuire au fœtus et conduire à un accouchement prématuré.
(Mayo Clinic, 2017b; Murad et al., 2017; OMS, 2018; Stavis, 2019; Sow et al., 2018; Torchin et Ancel, 2016)
Signes et symptômes
La présence et la gravité des symptômes d’un nourrisson prématuré varient en fonction du degré de prématurité auquel il est rattaché.
Les principaux symptômes notés chez les prématurés sont :
Un corps de petite taille recouvert de lanugo (fin duvet)
- Une légère quantité graisse corporelle
- Les prématurés pèsent habituellement entre 1 000 et 2 500 grammes
- Une température corporelle très basse
- Qui peut atteindre l’hypothermie
- Une peau fine et rosée laissant transparaître les veines
- Des organes génitaux dont le développement est incomplet
- L’absence de certains réflexes (réflexe de succion, réflexe de Moro, réflexe palmaire, etc.)
- Un manque de cartilage à l’oreille externe
- Des difficultés respiratoires
- Une sensibilité accrue au bruit et aux variations de lumière
- Ce qui trouble le sommeil et fait augmenter le rythme cardiaque
(Lejeune et Gentaz, 2018; Mayo Clinic, 2017b; Stavis, 2019)
Conditions associées
La prématurité est associée à de nombreuses morbidités. La plupart d’entre elles sont dues à un dysfonctionnement des organes immatures. Ce dysfonctionnement peut parfois être résolu complètement, mais il peut aussi persister tout au long de la vie de l’enfant.
Chaque nourrisson sera atteint différemment. Plus il naît tôt et plus il est léger, plus il est à risque de développer les conditions suivantes :
- Pathologies respiratoires : p. ex. syndrome de détresse respiratoire, insuffisance respiratoire, maladie des membranes hyalines et maladie pulmonaire chronique (dysplasie bronchopulmonaire)
- Problèmes cardiaques : p. ex. persistance du canal artériel, hypotension et souffle cardiaque
- Paralysie cérébrale
- Problèmes gastro-intestinaux : p. ex. entérocolite nécrosante
- Troubles oculaires : p. ex. rétinopathie de la prématurité (cécité), myopie et strabisme (loucherie)
- Troubles auditifs : p. ex. perte auditive et surdité
- Troubles moteurs
Les prématurés tous degrés confondus sont également plus à risque de développer des troubles qui nuiront à leur apprentissage tels que le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDA/H), le trouble du spectre de l’autisme ou des troubles langagiers.
(Baud, 2017; Béranger, 2017; IRSC, 2019; Lejeune et Gentaz, 2018; Mayo Clinic, 2017b; OMS, 2018; Stavis, 2019)
Démarche et outils diagnostiques
Dans le cas d’une naissance prématurée, le nourrisson est sujet à divers tests afin d’établir sa condition et de détecter les problèmes de santé susceptibles de l’affecter. Ces tests permettent notamment de prévenir les conditions associées à la prématurité évoquées dans la section précédente ou, du moins, d’en réduire les effets.
Outre le bilan auquel sont habituellement soumis les nouveau-nés (score d’Apgar, notation des mensurations de base sur la courbe de croissance, examen des systèmes cardiorespiratoire et musculosquelettique, etc.), les prématurés sont habituellement soumis aux tests suivants :
- Tests sanguins
- Surveillance continue de la fréquence cardiaque et de la respiration
- Contrôle de la quantité de fluides injectée/ingérée et évacuée
- Électrocardiogramme (ECG)
- Échographie
- Examen de la vue et de l’audition
- Radiographie
- Dépistage périodique de maladies (p. ex. hypothyroïdie congénitale)
Selon la condition de l’enfant, des tests plus approfondis peuvent être requis.
(Consolini, 2019; Mayo Clinic, 2017a; Stavis, 2019)
Interventions médico-chirurgicales
Les traitements auxquels sera soumis un nouveau-né prématuré varient en fonction du degré de prématurité et de l’état de santé général de l’enfant. Nous présenterons dans cette section les traitements les plus communs, mais d’autres peuvent être requis selon la condition du nourrisson.
Traitements néonataux
Lorsqu’aucune pathologie n’est détectée chez l’enfant prématuré, le traitement est centré sur la régulation de la température et sur le contrôle de l’alimentation du nourrisson.
Le nourrisson prématuré est habituellement placé dans un incubateur, ce qui permettra de réguler sa température et de réduire ses stimulations sensorielles (bruits, lumière), souvent sources de stress. La durée de séjour en incubateur varie en fonction du poids et de la condition générale de l’enfant.
On peut également employer la méthode kangourou pour réguler la température du nourrisson. L’un des parents, habituellement la mère, prend le bébé en position fœtale sur sa poitrine nue et le recouvre d’une couverture ou d’une jaquette d’hôpital. Le contact peau à peau est maintenu pendant au moins une heure afin d’en maximiser les effets. Cette méthode permet également un meilleur contrôle des fonctions cardiorespiratoires de l’enfant et régule son cycle veille-sommeil. De plus, cela réduit la douleur ressentie par le nourrisson : l’équipe médicale peut donc en profiter pour réaliser certains soins (p. ex. intraveineuse, prélèvements sanguins).
Quant à l’alimentation, il est recommandé d’opter pour l’allaitement maternel avec les prématurés, car ils ont besoin des bienfaits immunologiques et nutritionnels que procure le lait maternel. Si l’allaitement est difficile, il est possible d’avoir recours à une sonde nasogastrique (dite « tube de gavage ») pour alimenter le nourrisson.
(Camina et Cefalú, 2018; Mayo Clinic, 2017a; Olivier et al., 2019; Savaria et al., 2017; Stavis, 2019)
Traitements pharmacologiques
Un nourrisson prématuré peut suivre plusieurs traitements pharmacologiques.
Parmi les plus fréquents, on note :
- L’injection par intraveineuse :
- De fluides, de sodium, de potassium ou de diurétiques pour contrôler les fluides
- De médication pour améliorer la respiration et le rythme cardiaque
- D’une solution contenant des protéines, du glucose et des lipides pour prévenir une déshydratation et une dénutrition
- La prescription d’antibiotiques pour contrer une infection
- L’administration d’un surfactant pour pallier la détresse respiratoire
- L’injection oculaire de médication prévenant la rétinopathie de la prématurité
(Mayo Clinic, 2017a; Stavis, 2019)
Traitements chirurgicaux
Certaines conditions associées à la prématurité peuvent nécessiter une opération. C’est alors le chirurgien pédiatrique qui s’en charge.
La persistance du canal artériel est l’une de ces conditions. Elle peut être traitée de plusieurs façons. Lorsqu’elles échouent ou ne sont pas une option en raison d’autres pathologies dont souffre le nourrisson, on opte alors pour la chirurgie.
Une chirurgie peut aussi être requise pour soigner certaines malformations cardiaques ou pulmonaires.
Une intervention est pratiquée dans les cas plus graves de rétinopathie de la prématurité. Le nourrisson peut notamment subir une indentation sclérale (qui replace la rétine au bon endroit) ou une vitrectomie (où l’on retire le corps vitré de l’œil afin d’obtenir un recollement de la rétine).
(Hôpitaux Universitaires de Genève, 2018; SickKids, 2009b)
Réadaptation
À la naissance, il se peut que les nourrissons prématurés doivent être vus par des spécialistes en réadaptation afin d’assurer le bon développement de leurs habiletés motrices et cognitives (SickKids, 2009a).
Un enfant né prématuré peut aussi requérir certains soins en réadaptation lorsqu’il sera plus âgé, selon les conditions associées dont il est atteint. Il peut notamment avoir besoin d’un traitement en :
- Orthophonie, lorsque l’enfant présente des signes de troubles langagiers
- Audiologie, lorsqu’il présente des troubles auditifs
- Physiothérapie, lorsqu’il présente des troubles moteurs
- Ergothérapie, lorsqu’il souffre d’une déficience ou d’une incapacité l’empêchant d’être autonome dans ses activités quotidiennes
Pronostic et complications
Le pronostic de la prématurité varie grandement. Les facteurs pronostiques principaux sont :
- La présence et la gravité des conditions associées
- Le degré de prématurité (durée de la grossesse)
- Le poids de naissance
Ainsi, un nourrisson a de meilleures chances de survie lorsque son âge gestationnel et son poids sont plus élevés. Il a également moins de risque d’être atteint d’un handicap.
Aucun de ces facteurs n’a plus d’importance que les autres. Ainsi, même si l’âge gestationnel de l’enfant est élevé, si son poids est très bas, son pronostic ne s’améliore pas.
(Lemyre et Moore, 2017; Lee et al., 2020; Stavis, 2019)
Références
Baud, O. (2017). La prématurité, progrès et enjeux. Soins Pédiatrie-Puériculture, 38(299), 10-14.
Béranger, R. (2017). Prématurité et facteurs environnementaux. Revue de médecine périnatale, 9(2), 81-86.
Camina, D. et Cefalú, L. (2018). Le Kangourou à la rescousse des nouveau-nés prématurés [mémoire de bachelor, Haute Ecole de la Santé La Source https://www.patrinum.ch/record/175099?ln=fr
Consolini, D. M. (2019). Bilan et soins du nouveau-né normal. Le Manuel Merck. https://www.merckmanuals.com/fr-ca/professional/pédiatrie/soins-des-nouveau-nés-et-des-nourrissons/bilan-et-soins-du-nouveau-né-normal
Hôpitaux Universitaires de Genève. (2018). La rétinopathie du prématuré [PDF] https://www.hug.ch/sites/interhug/files/documents/retinopathiepremature.pdf
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Instituts de recherche en santé du Canada. (2019). Initiative sur les naissances prématurées – Améliorer le sort des bébés prématurés. Gouvernement du Canada. https://cihr-irsc.gc.ca/f/49819.html
Lee, S. K., Beltempo, M., McMillan, D. D., Seshia, M., Singhai, N., Dow, K., Aziz, K., Piedboeuf, B. et Shah, P. S. (2020). Outcomes and care practices for preterm infants born at less than 33 weeks’ gestation: a quality-improvement study. Canadian Medical Association Journal, 192(4), E81-E91.
Lejeune, F. et Gentaz, E. (2018). L’enfant prématuré en 2018 : multiplicité des enjeux. Approche neuropsychologique des apprentissages chez l’enfant, 152(1), 17-24.
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Torchin, H. et Ancel, P. Y. (2016). Épidémiologie et facteurs de risque de la prématurité. Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction, 45(10), 1213-1230.