Description de l’outil
Quelles sont les caractéristiques du SMAF?
Le SMAF (Hébert, Carrier et Bilodeau, 1988) est essentiellement une mesure de l’autonomie fonctionnelle qui peut être utilisée comme un instrument d’évaluation à compléter avec la personne. L’évaluateur peut avoir recours à plusieurs sources d’information pour effectuer l’évaluation (observation, mise en situation, consultation des aidants ou autres soignants).
Quel est l’objet d’évaluation du SMAF?
Le SMAF est un des éléments de la Démarche SMAF, qui compte un ensemble d’outils, tous dédiés à l’autonomie fonctionnelle (PRIMA-7, SMAF, SMAF-social, Profils iso-SMAF, Tableau de soins ou Tableau d’aide individualisée [TAI]; SMAF, 2013).
Dans le RSSS, le SMAF fait partie des Outils de cheminement clinique informatisés (OCCI). À l’origine, le SMAF a été conçu pour mesurer l’autonomie des personnes âgées, mais il est aussi applicable pour toutes les personnes adultes en perte d’autonomie, dans toutes les dimensions de leur quotidien, en prenant en compte l’environnement de la personne, les ressources dont elle dispose et leur stabilité. Un score de handicap résulte de l’évaluation des 29 items et il est établi selon l’autonomie de la personne et la présence de ressources adaptées à ses besoins. Le SMAF peut donc être utilisé pour déterminer le niveau d’autonomie, mais aussi pour indiquer aux intervenants les dimensions qui demandent de l’attention.
En quoi consiste le SMAF?
Le SMAF est proposé en version électronique via le logiciel iSMAF pour les établissements ne faisant pas partie du RSSS québécois et via l’applicatif RSIPA pour les établissements du RSSS québécois. Il est imprimable au besoin. Il permet d’évaluer 29 items qui sont regroupés sous cinq dimensions :
- les activités de la vie quotidienne : se nourrir, se laver, s’habiller, entretenir sa personne, fonction vésicale, fonction intestinale, utiliser les toilettes;
- la mobilité : transferts, marcher à l’intérieur, installer orthèse ou prothèse, se déplacer en fauteuil roulant à l’intérieur, utiliser les escaliers, circuler à l’extérieur;
- la communication : voir, entendre, parler;
- les fonctions mentales : mémoire, orientation, compréhension, jugement, comportements;
- les tâches domestiques : entretenir la maison, préparer les repas, faire les courses, faire la lessive, utiliser le téléphone, utiliser les moyens de transport, prendre ses médicaments, gérer son budget.
Pour chacun des items, une échelle de 0 à – 3 est proposée pour indiquer le niveau d’incapacité ou d’aide requise (0, -0,5, – 1, -1,5, – 2, – 3) : 0 indique que la personne est parfaitement autonome alors que – 3 indique que la personne est totalement dépendante. Ces niveaux sont pondérés en fonction des ressources disponibles identifiées pour combler les besoins d’aide. Finalement, la stabilité des ressources est indiquée.
Quelles sont les qualités métrologiques du SMAF?
Les qualités métrologiques du SMAF ont été examinées par plusieurs études et au fil du temps, certaines bonifications de l’outil original ont été réalisées.
Qualités | Description |
---|---|
Validité de contenu |
La validité de contenu du SMAF est reconnue et repose sur la conception fonctionnelle de la santé et de la classification internationale des déficiences, des incapacités et handicaps de l’OMS (Hébert et al., 2003). |
Validité de critère |
La validité de critère du SMAF a été étudiée et s’avère excellente en fonction d’une forte corrélation entre les résultats au SMAF et le nombre d’heures de soins requis par la personne évaluée (Hébert et al., 1988). |
Fidélité test-retest | La fidélité test-retest est excellente (r = 0,95), ce qui en fait un bon outil pour la mesure du changement (Desrosiers, Bravo, Hébert et Dubuc, 1995; Hébert et al., 1988). |
Fidélité interjuges | La fidélité interjuges est bonne (k = 0,75) (Hébert et al., 1988). Certains ajustements subséquents à la version d’origine ont amélioré ce niveau de fidélité (CCI variant de 0,93 à 0,98) (Desrosiers et al., 1995). |
Quels sont les avantages et les limites du SMAF?
Le concept d’autonomie qui est à la base du SMAF est très global. Il permet d’évaluer non seulement les capacités fonctionnelles, mais aussi les ressources dont dispose la personne. Pour l’élaboration d’un plan d’intervention, il est donc un outil très intéressant. Il est relativement facile à utiliser par tous les intervenants qui ont reçu la formation autant du réseau de la santé public que privé. Certains diront que la passation est un peu longue, mais elle est tributaire du concept sous-jacent global et multidimensionnel.
Le fait que cet outil soit informatisé permet d’effectuer des réévaluations sans repartir de zéro. Il est ainsi possible de suivre l’évolution de la condition de la personne tout au long de son parcours de soins ainsi que l’effet des interventions octroyées.
2. Passation et cotation du test
Le SMAF est un test administré par l’évaluateur, soit en questionnant la personne ou ses proches, soit en observant certaines des activités qui sont proposées dans l’outil ou en consultant d’autres sources d’information tel que les proches-aidants, les autres soignants ou les intervenants qui œuvrent auprès de la personne. Lors de l’évaluation de chacun des 29 items, l’évaluateur note le niveau d’incapacité de la personne, s’enquiert des ressources disponibles pour répondre aux besoins de la personne dans les activités où elle présente des incapacités et finalement note si ces ressources sont stables ou si elles sont appelées à diminuer ou augmenter dans les trois ou quatre prochaines semaines.
L’échelle de cotation proposée pour chacun des items est suffisamment précise pour bien guider l’évaluateur dans les observations qu’il doit faire. Les intervenants doivent avoir reçu une formation avant de compléter un SMAF.
Il faudra environ 45 minutes à l’évaluateur pour effectuer l’évaluation et la cotation d’un premier SMAF. Pour une réévaluation, le temps est plus court.
Quel est le système de cotation et quelles sont les normes du SMAF?
La cotation de l’évaluation se fait directement sur la grille et simultanément à la passation. L’évaluateur doit inscrire les scores d’incapacité de la personne la présence ou l’absence de ressources et leur stabilité. Un score maximal d’incapacité de –87 est obtenu quand la personne est totalement dépendante pour tous les items évalués. Selon la présence ou l’absence de ressources, un score de handicap est également généré et peut, dans le cas d’incapacités totales sans aucune compensation, avoir un maximum de -87.
Avec l’utilisation systématique d’un logiciel pour compléter l’évaluation, le profil iso-SMAF de la personne est généré. Cette classification permet de dresser un portrait global de ses besoins selon son profil d’autonomie fonctionnel.
3. Références
Arcand, M., et Hébert, R. (1997). Précis pratique de gériatrie. Qc: Edisem Inc.
Centre d’expertise en gérontologie et gériatrie. (2002). Guide d’utilisation du Système de mesure de l’autonomie fonctionnelle. Sherbrooke; Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke.
Centre d’expertise en santé de Sherbrooke. (2015). La grille d’évaluation SMAF. Récupéré au : https://www.expertise-sante.com/outils-cliniques/la-demarche-smaf/grille-devaluation-smaf/
Démarche SMAF. (2013). La démarche SMAF. http://www.demarchesmaf.com/
Desrosiers, J., Bravo, G., Hébert, R. et Dubuc, N. (1995). Reliability of the revised functional autonomy measurement system (SMAF) for epidemiological research. Age and Ageing, 24(5), 402-406.
Hébert, R., Carrier, R., et Bilodeau, A. (1988). Le Système de mesure de l’autonomie fonctionnelle (SMAF). Revue de gériatrie, 13, 161-167.
Hébert, R., Carrier, R., et Bilodeau, A. (1993). Le Système de mesure de l’autonomie fonctionnelle (SMAF). Sherbrooke: Hôpital d’Youville.
Hébert, R., Guilbault, J., Desrosiers, J., Dubuc, N. (2001). The Functional Autonomy Measurement System (SMAF): A clinical-based instrument for measuring disabilities and handicaps in older people. Geriatrics Today: Journal of the Canadian Geriatrics Society, 4, 141-147.
Hébert, R, Desrosiers, J., Dubuc, N., Tousignant, M., Guilbeault, J., Pinsonnault, E. (2003). Le système de mesure de l’autonomie fonctionnelle (SMAF). La revue de Gériatrie, 28 (4), 323-336.